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Article publié dans Sud Ouest, 19/10/2010

Des réfugiés en rade

Ils arrivent du Kosovo, de Géorgie, Tchétchénie, Arménie, pays en guerre. Ici, ils n’ont plus que la rue.

20 octobre 2010

Lundi, 15 heures sur la place André-Meunier. Les tentes sont propres et rangées. Des cartons sont tendus devant l’entrée. Un bébé gazouille dans son landau. Les autres guettent le petit soleil d’hiver pour se réchauffer un peu, emmitouflés dans des écharpes. Quatre familles sont « installées » provisoirement place André-Meunier, sous des tentes depuis quinze jours. Ils ont débarqué en France en situation d’urgence. Arrivent du Kosovo, de Géorgie, de Tchétchénie Arménie, guerre civile, oppression, emprisonnement, perte d’un frère, menaces vitales. Ils sont blessés et apeurés. On leur a dit que la France était le pays d’accueil et ils l’ont cru.

Depuis quinze jours, ils dorment sur le sol froid. Mangent froid. Attendent que des bénévoles viennent leur porter un bol de soupe. Hier après-midi, le Réseau éducation sans frontières (RESF) et le collectif Asile étaient mobilisés à leurs côtés. Odile Touzet de RESF commence : « Ils sont une vingtaine dont la moitié sont des enfants, avec un bébé de 11 mois. Les pompiers sont intervenus plusieurs fois en urgence ici, crise d’asthme, hypothermie, hypertension. Ils n’ont accès à rien. Sinon au Secours populaire, et Restos du cœur qui leur donnent… des colis. Ils n’ont rien pour faire cuire des pâtes ou des conserves ! Et le week-end tout est fermé. Ils ne font pas du tourisme. »

La préfecture a obligation de trouver un logement pour ces réfugiés politiques. « Il y a eu des référés, poursuit Naïma Charraï, venue soutenir RESF, au nom de la Région et des Verts de Bègles. L’État doit s’engager à héberger ces familles jusqu’à la demande d’asile qui sera délivrée par le Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Soit un mois d’attente. Les avocats ont envoyé des courriers à la préfecture, afin de payer les 100 euros obligatoires d’astreinte. Mais ça traîne. » Plus de place au CADA

Logiquement, les familles devraient être hébergées au Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA). Il en existe un à Villenave-d’Ornon et un autre à Eysines, les deux sont saturés !

Certains réfugiés débarqués en famille ont été logés à l’hôtel. « La situation ne peut durer, peste Odile Touzet. Il y a danger pour eux ici. Les toilettes publiques sont bouchées, il n’y a qu’un point d’eau sur la place. Nous dénonçons une politique de quotas, l’État veut par tous les moyens les renvoyer dans leur pays au plus vite. »

La Région a voté une motion au mois de juillet dernier, intitulée « Une Région sans expulsion ». Vœu pieu. « On demande juste à la préfecture de faire respecter la loi… » soupire Odile Touzet.

« Ils survivaient dans leur pays, pensaient reprendre l’air en France. Et voilà ! Il y a des enfants, un bébé. Ils ne peuvent même pas accéder aux soins. Le bénévolat a ses limites. »

Isabelle Castéra, Sud Ouest 19/10/2010

voir aussi sur le même sujet :

Lettre Ouverte sur la situation des demandeurs d’asile à Bordeaux

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