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BORDEAUX. Ce jeune Tunisien, en situation irrégulière de séjour, a connu « l’enfer » pendant six jours

Ahmed Aoudi est sorti du centre de rétention

article écrit par Dominique andrieux - publié dans sud ouest - Gironde - 09-01-2009

9 janvier 2009

BORDEAUX. Ce jeune Tunisien, en situation irrégulière de séjour, a connu « l’enfer » pendant six jours Ahmed Aoudi est sorti du centre de rétention

Ahmed Aoudi, un jeune ressortissant tunisien de 18 ans, domicilié à Bordeaux chez son frère Riadh, 26 ans, artisan, est sorti du centre de rétention administrative (CRA) de Bordeaux hier, à 18 h 40. Interpellé vendredi soir, rue Sainte-Catherine, il avait été placé dans un premier temps en garde à vue puis au CRA, faute d’avoir pu présenter un titre de séjour sur le territoire national.

Un argument a pesé lourd dans l’issue positive. Dès lundi, les militants de RESF (Réseau éducation sans frontières) avaient dénoncé qu’« en Gironde, c’est la première fois qu’un élève est placé en CRA ». Allusion aux études pour un BEP électrotechnique qu’a entamées Ahmed Aoudi depuis la rentrée dernière, au lycée professionnel Jacques-Brel de Lormont.

Hier soir, sur notre sollicitation, la préfecture de la Gironde indiquait que « le dossier a été réexaminé et il était décidé de ne pas y donner suite, notamment en raison du parcours scolaire de M. Ahmed Aoudi, depuis deux ans ».

Profondément marqué

« Je sors de l’enfer », confiait Ahmed, soulagé mais marqué physiquement et moralement par ses six jours de « prison ». « Je venais rendre visite à Ahmed, à 18 h 10, et on m’a dit que ce n’était pas la peine, qu’il allait sortir », raconte Aymen, son frère de 22 ans arrivé en même temps que lui, en 2006, à Bordeaux.

Ce dernier raconte : « Mon père, Ahmed et moi étions venus en vacances chez mon grand frère à Bordeaux et nous sommes restés. Moi, j’ai trouvé du travail dans le bâtiment en CDI et j’ai eu une carte de séjour. Ahmed a voulu rester avec nous. » Avec l’autorisation de Fathi, le paternel, policier de son état dans la cité balnéaire de Zarziz.

Mineur, Ahmed, qui a quitté le pays avec « un niveau de 5e », bénéficie du Dispositif insertion des nouveaux arrivants en France. Il passe alors par le centre social Saint-Pierre à Bordeaux pour perfectionner son français, puis par le lycée Kastler, à Talence. Il fête ses 18 ans en mars dernier.

Son frère aîné sollicite une autorisation de séjour que le préfet de la Gironde lui refuse. « Je faisais attention, je refusais quand mes potes voulaient que je sorte avec eux », raconte le jeune homme, conscient de ce qu’il encourait.

« Il était resté toute la journée dans l’appartement alors le soir, il nous a dit qu’il sortait faire un petit tour », témoigne Aymen. Les trois frères partageant un appartement dans le centre de Bordeaux.

« J’ai voulu me jeter »

Ahmed Aoudi n’est pas prêt d’oublier ces quelques minutes d’écart à sa stratégie d’évitement du contrôle d’identité. De la garde à vue au poste de police de Bordeaux, il retient « une cellule, avec une autre personne » ; « le froid » ; « la nuit sur un matelas en plastique posé sur le sol. ».

Des enseignants lormontais avaient insisté sur la fragilité de celui dont le visage juvénile leur faisait penser à « un petit garçon ». Ahmed dit ainsi avoir eu « très peur du juge » qui a statué sur les conditions de sa rétention, lundi. La mesure portant sur 15 jours, renouvelable une fois, avant un éventuel arrêté d’expulsion, lui a déclenché le trou noir. « J’ai voulu me jeter par-dessus les grilles en sortant du tribunal », confie-t-il.

La visite des profs

Hier soir, Ahmed Aoudi avait du mal à nuancer la prison et le CRA, bien que celui-ci soit plus humain avec « quatre chambres, une cuisine, un salon, des toilettes, une douche ». Il a passé la majorité de sa rétention dans une chambre à quatre personnes, « avec un Algérien et deux Marocains ». Marqué, il raconte qu’« il y en a un qui a avalé deux piles et un briquet ; il a été transporté à l’hôpital ». Marqué, le jeune Ahmed craquait mercredi soir, provoquant de vives inquiétudes à ses deux frères.

Brisé mentalement, affaibli par une alimentation quasi nulle (« je n’avais plus faim »), la décision de rendre la liberté à Ahmed Aoudi est arrivée à point nommé. Aymen relate que « maman a crié lorsque je lui appris la nouvelle au téléphone ». Ahmed ne lui avait pas encore parlé hier soir quand il voulait se rappeler du seul bon souvenir de ses six jours au CRA.

« J’ai eu la visite de mes professeurs mercredi après-midi », retient-il, « très touché ». Il cite « M. Nourry et M. Ducau » (orthographe non-garantie). Ses profs de maths et de dessin technique avec qui il va commencer sa journée de cours ce matin. « Je reviens au lycée demain matin », disait-il, déterminé, avant d’aller déguster des gâteaux avec ses deux frangins pour marquer son « retour à la vie ».

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Pour signer la pétition de soutien à Ahmed

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Article sur la situation d’Ahmed paru dans 20 minutes Bordeaux le 09-01-2009

Article sur la situation d’Ahmed paru dans Sud Ouest le 08-01-2009

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